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" Vivre le monde en tant qu'un immense musée d'étrangetés. "
Giorgio de Chirico
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Il est le soleil noir de ma mémoire
L’éclat diapré de mes rêves secrets
Il est comme la fumée qui s’enfuit en volutes
Impalpable fantôme de mon âme, de mon esprit
Il est comme les gouttes sombres sur la vitre
Qui roulent sans bruit dans le matin gris
Il est comme les yeux fauves des chats
Qui transpercent la pénombre amère
Il est le silence qui meurtrit
De celui qui n’existe pas.
Mais parfois, dans l’abîme de mes nuits
Je le sens briller en moi
Etrange et fugace soleil noir
De ma mémoire endolorie
Malaura
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Dépouillement...
Hier, au pied du calvaire je suis montée.
A ses pieds de granit, comme une offrande j’ai déposé
Le fardeau de mes craintes, le poids de mes douleurs
Tous mes espoirs déçus et toutes mes tristesses
J’avais rêvé trop grand, j’avais rêvé trop fort et trop intensément
J’avais oublié que la vie était là, au-dehors,
Et tout autour de moi, à éprouver, à ressentir,
Avec la force de sa chair, avec le rouge de son sang.
Hier, au pied du calvaire je suis allée.
A ses pieds de granit, j’ai déposé
Mes rêves avortés, mon illusoire amour et ma désespérance,
Et j’en ai fait un tas...petit amas ombreux comme des feuilles mortes.
Quand le vent s’est levé il a tout dispersé.
J'ai vu tous mes tourments, mes larmes et mes rêves
Dans un déchirement de mon cœur endeuillé
S’effacer dans le ciel dans les lueurs du soir.
Je me suis relevée...Et je sentais la vie
Battre dans ma poitrine.
Malaura
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Il y a un chant endormi dans toutes choses qui rêvent sans fin
Et le monde se mettra à chanter,
Si tu trouves le maître mot.
Joseph Von Eichendorff
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Souviens-toi de sa bouche, de sa douceur de rose
De ses lèvres qui venaient t’embrasser à la nuit
Sa bouche était fraîcheur, sa bouche était tendresse
Souviens-toi de sa bouche, deux ailes de papillon
Se posant doucement sur tes lèvres d’amant.
Dans ta nuit solitaire, tes yeux clos redessinent
Le contour de sa bouche au parfum d’absolu
Souviens-toi de sa bouche, de ses sucreries rouges
Comme pomme d’amour tu y croquais dedans
Tu aurais même pu la mordre jusqu’au sang
Pour goûter sur ta langue sa saveur défendue
Ses lèvres de femelle sauvage et volcanique
Te happaient, te buvaient à en devenir ivre
On aurait dit alors comme un orage blond
Qui mitraillait ta peau de baisers en grésil
Souviens-toi de sa bouche, bue jusqu’à la lie
Tu la vois s’approcher dans tes nuits d’insomnie
Avançant sur ta peau en murmurant ton nom
Désarmante, désarmée, arme toujours chargée
Se posant sur ta tempe en tes rêves obscurs
Souviens-toi de sa bouche, rouge comme le sang
Qui irrigue le cœur que tu n’as su donner
Transformant les baisers de cette humide fosse
En froides lèvres closes, scellées sur des regrets.
Malaura
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Je n’ai plus les mots pour le dire
Enfermée dans la prison de mes émotions,
Mon clavier-cage fait ruisseler les lettres
Et pleurer en runes ruines les mots que j’aurais pu t’écrire
Et toi, où es-tu dans nos mots d’aujourd’hui ? Déjà si loin de nos maux d’autrefois
A combien de pages de notre histoire ? A combien de mots de nos amours d’antan ?
Et tandis que sur d’autres épaules tu dessines des lettres d’ombre et de lumière
Je reste dans une forêt vide de mots
Et tandis que sur d’autres ventres tu réécris un alphabet d’ivresse,
Avec la ferveur de ces mots qu’on épelle dans le noir des cœurs à corps
A mots couverts moi, je bredouille des mots fous, appelant à corps à cris des mots qui se tiennent cois
Mon clavier-cage enferme tous les abécédaires que j’aurais pu t’écrire
Mots doux, mots murmurants, mots susurrants, mots parfumés…
Petit culte de mots que je fleuris dans l’ombre de ma nuit syllabique
Sur l’autel syllabaire de nos amours détruits…
Malaura
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Ah! Si seulement avec une goutte de poésie
ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
Pablo Néruda, "Résidence sur la terre"
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